(11/04-2022) – Les résultats sont maintenant là (99% des voix comptées, donc c’est fiable): Emmanuel Macron: 27,6%, Marine Le Pen 23,4% et le reste, peu importe.
Pour mémoire, en 2017, Macron avait fait un score un peu inférieur au premier tour (24,01%). D’aucuns verront là une amélioration du score, mais ça ne l’est pas vraiment. Car en 2017, le candidat LR était François Fillon et celui-ci avait fait 20,01% des voix.
Il y a fort à parier que cette année, Valérie Pecresse s’étant distinguée par le fait qu’on ne voyait pas la différence entre elle et Macron et par sa nullité à tenir des discours aura donné des voix républicaines à Macron plutôt que de les prendre comme Fillon l’avait fait en 2017.
Dans mon billet sur les élections présidentielles de 2017 (que vous trouverez ici) j’avais prédit que:
Au final: Ces dernières années, j’ai prédit que 2017 est trop tôt pour une présidente Le Pen. Elle n’aura vraiment sa “chance” qu’en 2022. Je pense que cette prédiction tiendra la route et qu’Emmanuel Macron deviendra le prochain président… Bon courage!
Ma prédiction a tenu la route pour 2017, tiendra-t-elle la route pour 2022?
Tout dépendra de la campagne, et surtout du débat d’entre deux tours et si madame Le Pen ne se plante pas tout aussi lamentablement qu’en 2017, je dirais: Oui, le prochain président sera une présidente, Marine Le Pen.
Voilà pourquoi:
Marine Le Pen va récupérer les voix de Zemmour et les voix de différents partis de droite et quelques voix de chez Valérie Pecresse.
La plupart des quelques personnes qui ont voté Pecresse voteront le plus probablement Macron, car le programme est identique, mais Macron est plus à l’aise lorsqu’il parle au peuple.
Il y a deux facteurs importants: Le premier est le taux d’abstention qui a été énorme cette année. Même si on est loin du record de 28,4% du printemps 2002 (qui avait donné un second tour Chirac – Jean-Marie Le Pen), nous en sommes à 25,14% (au moment où j’écris ces lignes) ce qui est bien supérieur aux 22,23% d’abstention de 2017.
Mais à l’inverse de 2017, où le taux d’abstention était encore plus important au second tour qu’au premier, il y a de grandes chances pour que celui-ci soit moindre cette année.
Pourquoi?
Parce que Macron a un bilan déplorable, qu’il est l’un des présidents les moins populaires seulement battu par Hollande et par Sarkozy en fin de carrière.
La crise des gilets jaunes, le dédain avec lequel il parle des Français et aux Français, la dette de la France qui représente en mars 2022 112,9% du PIB (et les économes sont fiers de l’avoir amené de 115% à 113 % — on va pas chipoter på 0,01 %), la gestion catastrophique de la COVID avec les morts dans les EPAHD, la pénurie de masques, la fermeture de lits d’hôpitaux, l’insécurité grandissante avec le choix d’un avocat qui est « honoré de défendre Abdelkader Merah » en guise de ministre de la Justice, le scandale McKinsey… Bref! Un bilan dont personne ne peut être fier à moins de manquer de sens des réalités.
Et il y a de grandes chances pour que beaucoup d’absentéistes du premier tour aillent voter au second tour. Ils n’avaient pas besoin de voter au premier tour, car il n’y en avait pas besoin:
Ou Macron ne faisait pas un second tour (peu probable) et dans ce cas, ils pourraient voter pour le moins pire au second tour.
Ou Macron fait un second tour de toute façon et il leur suffira de lui barrer la route en votant pour son adversaire.
Et vu que Marine Le Pen s’est beaucoup tempérée lors de cette campagne, qu’elle a tablé sur le pouvoir d’achat, la retraite à 65 ans, etc., et vu que Zemmour a pris sa place comme « le méchant d’extrême droite », il lui suffit de peu pour presque paraître centriste et populaire.
Elle va récolter beaucoup de voix des absentéistes du premier tour.
Ensuite, deuxième point important, je pense que beaucoup de votes qui appartenaient à Mélenchon passeront à Le Pen. Cela, car il y a plus de points communs entre le programme de Le Pen et celui de Mélenchon qu’entre celui de Macron et celui de Mélenchon.
De plus, beaucoup de la France Insoumise ne veulent absolument pas revoir Macron pour cinq ans et de toute façon, il sera toujours temps, et plus facile, de faire barrage à Le Pen aux législatives et de cette façon, forcer une cohabitation ou une nouvelle présidentielle plutôt que de faire barrage à Macron aux législatives.
Enfin, beaucoup, vraiment beaucoup de Français en ont ras-le-bol de Macron et ils sont prêts à voter pour n’importe qui tant que ce n’est pas lui.
La seule chose qui pourra faire barrage à la victoire de Marine Le Pen est si elle plante son débat du second tour, débat qui aura lieu mercredi 20 avril, 21h00.
Comment peut-elle se planter?
Marine Le Pen a la partie belle, vu le désastre des cinq dernières années. Si elle peut garder Macron sur la défensive et le déstabiliser, c’est gagné. Mais il lui faudra éviter ses conneries du genre « Ils sont là… » comme en 2017. Sinon, c’est râpé.
Si elle peut garder la tête froide, rester digne et ne pas passer à des attaques personnelles, elle a le beau jeu.
Là où elle doit se méfier, est que son programme est totalement nul, tout simplement. Bah oui! Elle veut la retraite plus tôt, les hôpitaux agrandis et modernisés, augmenter le pouvoir d’achat, baisser les taxes et impôts, plus de sécurité et une ligne plus dure envers la délinquance (plus de prisons, de policiers avec plus de moyens…)… C’est bien beau tout ça, et on peut tous être d’accord sur ces points, mais l’argent? Il vient d’où? Je vous rappelle que la France est endettée à 113% de son PIB.
C’est là où Macron a le beau jeu et si elle n’a pas de plan avec des chiffres pour nous dire d’où et de comment elle va récupérer l’argent nécessaire, Macron la ridiculisera, elle va paniquer et commencer des blagues vaseuses, des provocations immatures et la partie est perdue pour elle.
Et vu qu’elle a dit qu’elle ne se représentera plus après 2022, Game Over.
Voilà ma prédiction: Si elle se débrouille bien au débat, elle sera la prochaine présidente, si elle fait un désastre à la 2017, vous pouvez vous attendre à 5 ans de Macron.
Comme une pépite supplémentaire: La France devrait être sous administration comme la Grèce avant elle, mais grâce aux contacts de Macron, ce n’est pas le cas. Si Marine Le Pen devait être présidente, l’Union européenne lui compliquera la tâche, éventuellement en mettant la France sous administration afin d’empêcher Marine Le Pen de mettre en route ses réformes et promesses électorales et afin de lui attirer la rogne des Français et de la renverser.
Mais ça, c’est une autre histoire… (Cyril Malka)