Le monde est petit !

(06/03-2014) – Oui, je sais, c’est un cliché. Mais des fois, après avoir eu certaines expériences, on ne peut répondre que par un cliché.

J’ai quitté la France et je suis parti en Israël lorsque j’avais à peine 18 ans. Là, j’y ai rencontré une Danoise. Bon, en fait, j’en ai rencontré plusieurs, hein ? Mais bref. Arrêtez de m’interrompre,vous allez me faire tromper !

Et cette Danoise m’a emmené au Danemark.

Je suis arrivé à l’aéroport de Copenhague le 27 février 1983 à 21 h 15.

Quelques jours avant, je jouais aux échecs en short sur la plage à Eilat, j’ai pris un avion et je suis arrivé en soirée. Je n’ai rien vu de Copenhague ce jour-là, car il faisait noir, il y avait de la neige et il faisait vachement froid. Passer de +25 à -10 en l’espace de quelques heures, ça refroidit, quand même !

Ma copine de l’époque, Pia, habitait chez ses parents dans une petite maison en bordure du bois de Gribskov. Dans un village appelé Gadevang (1 100 habitants) à quelques kilomètres de Hillerød (30 000 habitants).

Après avoir passé une semaine ou deux à me remettre, il m’a fallu trouver un travail. Comme je ne parlais pas encore le danois, c’était assez sommaire, ce que je pouvais faire. Et bon, à Gadevang, il n’y avait pas grand-chose.

Les parents de Pia connaissaient quelqu’un qui avait une scierie nommée Selskov Savværk et qui se trouvait entre Gadevang et Hillerød. Ils avaient besoin d’un homme de main et je pouvais faire l’affaire. Pas besoin de bien parler le danois pour déplacer du bois. Je vidais les camions, remplissais les camions, déplaçais des planches, vidais des camions, replaçais des planches.

Et puis je vidais des camions aussi… Je déplaçais entre sept et neuf tonnes par jour.

Une fois l’emploi trouvé, il m’a fallu avoir un numéro d’immatriculation. Ce n’est pas comme un numéro de sécurité sociale, c’est plus précis. Il s’agit d’un numéro d’immatriculation qui est donné à chaque habitant quelques jours après la naissance. Il est composé de la date de naissance et de quatre chiffres. Il se finit par un chiffre impair pour les hommes et pair pour les femmes. Sur ce numéro, tout est enregistré. Tout, tout, tout, tout (on y reviendra un autre jour).

Je ne pouvais pas m’inscrire à l’école pour apprendre le danois sans avoir ce numéro et je ne pouvais pas avoir ce numéro si je ne travaillais pas.

Le deuxième jour de mon emploi, il a fallu remplir des papiers. Mes employeurs étaient gentils et c’est eux qui l’ont fait. Ils m’ont posé les questions en anglais et je répondais et ils reportaient les informations.

Arrivé à « ville de naissance », je leur ai demandé le papier, car je me disais qu’ils ne pourraient jamais écrire : Neuilly-sur-Marne.

Alors là, un truc : Je ne suis pas né à Neuilly-sur-Marne, mais à Neuilly-Plaisance, juste à côté. Mais comme j’y ai vécu les premières 13 années de ma vie, je me trompe de temps à autre.

Sur le papier, j’ai donc écrit : Neuilly-sur-Marne. Et je le leur ai rendu. Le patron a repris le papier et y a jeté un œil, puis il s’est exclamé :

– Neulu-sour-Marné ? Mais on connaît bien ! On y est allé fin des années soixante, aux environs de 1968 ou 69.

– Ha bon ? ai-je répondu, ébahit.

– Oui, on faisait du camping et il y a un camping à Neulu-sour-Marné.

– Ben oui, bien sur, il est près de la Marne, près de la où habitait mon grand-père. Je crois qu’il avait ce terrain et il lui a été racheté par la ville lorsqu’ils ont fait le camping. Je connais bien, il habitait en bas de la rue du Site Agréable et j’y étais toujours fourré étant enfant.

– Ha bon? Parce qu’on a demandé notre chemin à un gosse qui jouait dans la rue, et il nous a répondu « sur le pont », mais il avait les cheveux clairs.

– Oui, j’avais les cheveux clairs à cet âge…

Puis je me suis interrompu et j’ai fouillé ma mémoire.

– Mais dis-moi, lui ai-je demandé, est-ce que vous rouliez dans une grosse voiture vert foncé.

Ce fut à leur tour de chercher dans leur mémoire.

– Ben oui, répond la femme, souviens-toi, à l’époque, on avait la Volvo verte.

Eh oui ! Le petit garçon à qui ils ont demandé leur chemin, c’était moi.

Je vous laisse savourer l’histoire et je vous mets au défi de ne pas me sortir un cliché quelconque ! (Cyril Malka)

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