Horizons

(14/06-2017) – Plus qu’une dizaine de chapitres. Enfin!

Ce troisième et dernier tome aura été le plus long. D’une part, car il couvre une période de temps plus longue que les autres, mais je n’ai pas voulu le faire plus long que les autres afin de ne pas fatiguer le lecteur. Alors il m’a fallu choisir et balancer des passages afin de garder une cohérence.

Ensuite, il y a plusieurs passages difficiles à digérer et j’ai dû les réécrire plusieurs fois… Et je pense devoir les refaire.

Enfin, je travaille sur plusieurs manuscrits en même temps et ce que je croyais être une bonne idée n’en est pas une. Surtout maintenant que je suis arrivé à une période un peu difficile, il m’est facile de laisser tomber ce manuscrit et de faire autre chose.

Donc je me suis dit qu’il valait mieux que je me concentre sur un manuscrit à la fois, sinon, ça ne le fera pas. Et comme ça fait maintenant un bout de temps que ce dernier tome est en souffrance, il est normal que je me concentre dessus.

Le temps de le finir et de trouver quelqu’un pour corriger mes fôte de francé cela devrait nous mettre au plus tard pour la rentrée de septembre. J’espère le sortir courant de l’été, mais au pire, ce sera septembre.

Pour vous aider à patienter, voici un chapitre du tome trois, que j’ai donc intitulé « Horizons ».

Il s’agit du chapitre 28, The Show Must Go On et nous sommes en juin 1992. Je venais d’ouvrir mon cabinet de psychanalyse, la plupart de mes patients étaient des anciens Témoins de Jéhovah qui avaient été expulsés de la secte et qui étaient en souffrance psychologique.

J’étais parti chez un copain qui avait un bureau avec une imprimante au laser (ce qui était rare à l’époque) et on devait me faire du papier à lettres. Je pars pour Østerbro, à Copenhague… et je me réveille à l’hôpital de Gentofte.

Je n’ai pas encore trouvé de pseudonyme pour ma seconde ex-femme (qui n’était pas encore mon ex à cette époque), elle est donc pour l’instant simplement appelée J.

Le chapitre n’est ni corrigé ni rédigé alors soyez cléments, s’il vous plaît.

Si vous connaissez quelqu’un capable de corriger mon manuscrit, n’hésitez pas à m’en faire part. (Cyril Malka)

Si vous ne connaissez pas Croire en Demain 1 et 2 voyez la petite vidéo ci-dessous qui comprend une présentation et la lecture d’une partie du tome 1 et une partie du tome 2.

 

28. The Show Must Go On

J. est assise en face de lui. Cyril se sent toujours perdu et sa tête n’est qu’une immense douleur.

– Tu as téléphoné pour me porter malade au travail?
– Oui, oui. Ne t’inquiète pas.
– Okay.

Trois secondes de silence.

– Où sont les enfants?
– Kirsten les garde.
– Ce n’est pas sa semaine de travail?
– Non, c’est sa semaine de congé.
– Ha. C’est bien.

Trois secondes de silence.

– Et alors… Où sont les enfants?

J. se mordille la lèvre inférieure. Et de la même voix, comme si elle répondait à la question pour la première fois:

– Kirsten les garde.
– Ce n’est pas sa semaine de travail?
-Non, c’est sa semaine de congé.
– Ha… Parfait.

Il se sent dans le cirage.

Il a lu son dossier médical et il en a parlé avec le neurochirurgien: lorsque l’arrière de sa tête a frappé contre les marches en ciment de l’escalier, son cerveau s’est cogné contre la partie frontale. Le choc a été si violent qu’en plus de la commotion cérébrale, il a eu une hémorragie cérébrale au niveau frontal.

– Quel est ton métier? Lui demande le neurologue.
– Je suis psy.
– Bon, il va falloir penser à faire autre chose. Une partie de ton cerveau est détruite et tu ne pourras plus analyser quoi que ce soit.

Cyril la regarde et ne dit rien.

Depuis son plus jeune âge, il veut être psy. Il vient juste d’ouvrir son cabinet. Il est hors de question qu’il laisse tomber.

Mais les mots ne sortent pas. Il a du mal à formuler des phrases.

– Je veux rentrer chez moi! dit-il.
– Tu as besoin de repos et il te faut passer un électroencéphalogramme d’ici une quinzaine de jours.
– Justement, j’ai besoin de repos et je ne peux pas me reposer dans cet hôpital. Il y a trop de bruit, je dors dans une chambre où nous sommes quatre, il y a un va-et-vient incessant et je suis tout le temps fatigué. Je veux rentrer chez moi.
– Dans ce cas, il te faudra revenir pour l’électroencéphalogramme.
– Je reviendrai.

Cyril insiste et finit par avoir l’autorisation de rentrer à la maison. Il a passé une semaine à l’hôpital et, pendant qu’il n’entendait pas, le médecin a dit à J. que s’il présentait le moindre problème, qu’elle appelle une ambulance et que, d’accord ou pas, on le renverra à l’hôpital.

Le cabinet de Cyril est dans la cave qui est tout emménagée et qui comprend une petite salle de bains avec toilettes. Il y fait frais en été et chaud en hiver. Là, il a son ordinateur et ses livres ainsi qu’un canapé-lit. Et surtout, surtout, il y fait silence.

Presque aucun bruit ne le dérange. Il peut entendre J. et les enfants marcher au-dessus de sa tête, mais ce sont des bruits qui le rassurent.

Pendant cette semaine, il a reçu des messages de ses quelques patients. La plupart étant anciens Témoins de Jéhovah ont vu son accident comme un acte divin et ont abandonné la thérapie. Certains ont même fait le nécessaire pour pouvoir réintégrer le mouvement.

Nous sommes en juin 1992, fin juin, et les vacances sont proches. Cyril prend des “vacances” jusque fin juillet et annonce qu’il reprendra les séances en août. Un mois devrait être suffisant. S’il se contente de prendre un patient par jour, cela devrait le faire.

Comme il n’a plus de contact avec son père depuis son mariage, il téléphone à Martine pour lui expliquer ce qui s’est passé et pour lui expliquer que son futur est peut-être compromis.

Il apprend que la famille de J. [la famille de J. est composée de Témoins de Jéhovah] ne lui a apporté aucune aide, quelle qu’elle soit. Aucun message, ils ne l’ont pas conduite à l’hôpital, ne l’ont pas aidée à faire des courses ou garder les enfants. Ça a été le silence radio total. Personne ne le dit, mais Cyril ressent que s’il n’avait pas survécu, ça aurait arrangé pas mal de choses pour pas mal de personnes.

Roger lui téléphone. Il est en pleurs. Il pleure et dit à Cyril qu’il aimerait que ce soit arrivé à lui plutôt qu’à son fils. Cyril ne l’a jamais entendu dire ce genre de choses.

Quelque part, il a des doutes. Il sait que son père a régulièrement pleuré pour récupérer Martine pour la virer comme une malpropre quelques jours plus tard. Donc cette peine est peut-être tout aussi superficielle… Mais il aimerait y croire. Il sait qu’il est faible en ce moment et que sa tête ne fonctionne pas comme elle le devrait et il a peur de tirer une mauvaise conclusion.

– Écoute, papa… Je suis toujours dans le cirage en ce moment et j’ai du mal à te croire. Faisons ça par écrit. Écris-moi et je te répondrai par écrit également. Ce sera plus simple.

Et Roger écrit, s’excuse, se répand dans ses lettres tant et si bien que Cyril finit par accepter de reprendre le contact avec lui.

Les résultats de l’électroencéphalogramme ne sont pas très bons:

– Tu as des risques d’épilepsie, lui dit le neurologue.
– En même temps, ça fait un mois que je me suis fait une hémorragie cérébrale et une commotion, j’ai toujours de fortes douleurs alors le résultat d’un électroencéphalogramme ne peut pas être bon. Il vaudrait mieux attendre un peu avant de juger ce genre de truc, non?

Le neurologue sourit.

– Mais non, mais non. Bon, voilà une ordonnance pour du Tégrétol. C’est un médicament antiépileptique.
– Mais je ne suis pas épileptique!
– D’après ces résultats, si!
– Combien de temps dois-je prendre ce truc?
– À vie, bien entendu.

Cyril n’est pas d’accord, mais il n’a pas d’arguments. Sa tête lui fait mal chaque fois qu’il réfléchit.

Bon… Il va prendre ce médicament… pour les temps à venir. Ça va peut-être l’aider.

Cyril commence gentiment à prendre son médicament. Il vit toujours dans sa cave. Il prend un patient par jour et dort la plupart du temps. Lorsqu’il est éveillé, il se met à son ordinateur. Il commence par jouer quelques jeux graphiques et à réflexes qu’il connaît bien et qu’il a l’habitude de gagner pour travailler sa coordination, puis il joue à des jeux plus stratégiques: Civilization, les échecs et autres.

Chaque jour, il grignote un peu. Chaque jour, il s’améliore un tout petit peu. Chaque jour, il prend ses médicaments.

Mais la lumière qui d’habitude brillait dans ses yeux s’est éteinte.

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