En croisade contre la pornographie juvénile

Il était une fois…

(13/07-2017) – Cette affaire a commencé alors j’habitais le Danemark, fin 1993 et début 1994. À cette époque, internet n’était pas encore tout à fait commercialisé (à part un peu aux États-Unis) et le grand public n’y avait donc pas accès.

De plus, c’était extrêmement cher. Dans certains pays (le Danemark par exemple) il fallait appeler un satellite et la communication téléphonique en elle-même était chère. Les modems étaient lents (2 400, 4 800 ou au maximum 9 600 bauds) donc les choses n’allaient pas vite. Mais bon, à cette époque, le net n’était composé que de texte. Il n’y avait ni photos, ni vidéos, ni sons, donc les choses étaient moindres et proportionnellement, la vitesse paraissait la même.

Mais bref, pour le grand public, il n’y avait donc pas ce réseau.

Les BBS et FidoNet

Ce qu’il y avait, pour ceux qui pouvaient comprendre la technique et qui étaient geek, c’étaient les BBS et FidoNet.

Des geeks avec une ligne téléphonique, un peu d’argent, un modem et un ordinateur faisaient des BBS (j’en ai eu un, mais juste pour m’amuser). Et Les BBS et Fidonet c’était la méthode de communication du moment.

BBS est une abréviation anglaise pour Bulletin Board System. Ce qui veut dire un « tableau d’information ». Ou un « mur » dira-t-on aujourd’hui.

Si vous aviez un ordinateur, un modem et un logiciel spécial, vous pouviez vous connecter à un ordinateur lointain, le BBS, et télécharger des fichiers. Pour la plupart, il s’agissait de pilotes, de fonctionnalités et autres logiciels. C’était assez technique, mais on pouvait aussi y trouver des photos, des sons , quelques petits morceaux de films de quelques secondes et des jeux.

C’était un peu de grands marchés aux puces. Certains étaient spécialisés dans le hacking et d’autres dans certains systèmes d’exploitation: OS/2 ou Windows (à l’époque, c’était Windows 3.1).

Certains BBS étaient énormes. Je me souviens de WinBoss, au Danemark, qui avait huit ou neuf lignes téléphoniques. D’autres n’en avaient qu’une ou deux.

FidoNet était un système du genre e-mail ainsi qu’un système de groupes de discussions. Les mails qu’on s’envoyaient pouvaient être privés comme les mails d’aujourd’hui ou public, dans ce qu’on appelait une « conférence ».

Une conférence était un groupe de discussion sur un sujet bien précis: Religion, psychologie, informatique, système d’exploitation…

Les conférences étaient régulées par un modérateur qui était choisi tous les deux ans. Tous les deux ans, il y avait les élections. Les membres qui voulaient être modérateurs proposaient leurs règles et les utilisateurs votaient.

À cette époque, je jouais donc pas mal avec les BBS que j’utilisais pour aller chercher des fichiers pour optimiser mon ordinateur et mon système ainsi que pour programmer.

Pour qu’on s’y retrouve, les fichiers du BBS étaient organisés en différentes catégories: « utilités pour disques durs, traitements de texte, etc.).

Les communications téléphoniques coûtaient cher et si on voulait passer en revue les fichiers d’un BBS, cela pouvait prendre du temps. Donc pour faciliter les choses, la plupart des BBS avaient un fichier texte appelé « filliste » (liste de fichiers) qu’on pouvait télécharger rapidement.

Il s’agissait d’une description des différentes catégories du BBS, et de la liste de tous les fichiers dans chaque catégorie, avec des informations sur leur version, leur taille et une ligne explicative sur ce que faisait ce fichier.

On téléchargeait la liste puis, on pouvait la lire hors-ligne sur son ordinateur et cocher le ou les fichiers qu’on voulait. Puis on pouvait se reconnecter et aller directement à l’endroit où se trouvaient les fichiers pour les télécharger. C’était un gain de temps (et d’argent!) considérable.

La découverte

Un jour, j’avais téléchargé une liste de fichiers d’un BBS nommé « Greve BBS » (Greve est le nom d’une ville de l’île de Zeeland au Danemark).

Entre les différents fichiers, il y avait des images pornographiques. Et entre ces descriptions, j’en ai vu quelques unes qui m’ont fait tiquer. Voici ici une copie d’un extrait du fichier original (en danois) ma traduction est juste en dessous.

La liste était bien plus longue et vous pouvez la voir en totalité ici.

J’avais du mal à y croire. J’avais gardé une partie d’innocence.

Je suis devenu membre du BBS.

Il fallait payer 100 couronnes danoises — 13 euros — pour devenir membre et pour pouvoir télécharger les différents fichiers de la partie « Membres ».

Après paiement, j’ai téléchargé deux ou trois photos.

Et celles-ci représentaient bien de vrais enfants (de moins de 13 ans de toute évidence) en situations sexuelles avec des adultes.

Après avoir fait cette constatation, j’ai éteint mon Olivetti et je suis allé au lit.

Toute la journée suivante, je n’étais pas bien. Et arrivé au soir, j’en ai parlé à mon ex-femme (qui n’était donc pas encore mon ex à l’époque, bien entendu).

Je lui ai expliqué ma découverte et mon mal-être par rapport à ça et sa réponse fut:

– C’est dégueulasse, et en plus, c’est sûrement dangereux. Alors tu ne vas plus jamais téléphoner à ce PBS…
– BBS.
– Hein?
– C’est un BBS, pas un PBS. Ça veut dire Bulletin Board Sys…
– Oui, bon, on s’en fout! Alors tu lui téléphones plus et tu laisses tomber tout ça!

C’était justement là le hic! Et ce n’était pas la réaction que j’attendais de ma femme à l’époque.

Oui, si je n’avais rien vu, j’aurais pu, bien entendu, faire comme si de rien n’était. Logique! Mais ce n’était pas le cas. Ce n’était plus le cas. J’avais vu! Je savais! Et de ne rien faire, ça me rendait responsable également.

Qui ne dit rien consent.

Action!

En 1993, j’habite l’île d’Amager (se prononce « Amare ») qui fait partie de Copenhague (l’aéroport de Copenhague se trouve sur l’île d’Amager). Et donc nous dépendons de la ville de Copenhague.

J’appelle la station de police centrale et la discussion qui s’en suit se déroule à peu près comme ça:

– Bonjour, je m’appelle Cyril Malka et alors que j’étais sur un BBS, j’ai trouvé des photos de pornographie juvénile.
– Aha? me répond une voix autoritaire. Aha! … Euh… C’est quoi un BBS?

Je lui explique donc en deux mots ce dont il s’agit et il me répond:

– Oh! Mais tu me dis que le BBS s’appelle « Greve BBS », n’est-ce pas?
– Oui.
– Donc il te faut contacter la police de Greve. Ce n’est pas notre juridiction.

Je le remercie et je contacte la police de Greve.

– Bonjour, je m’appelle Cyril Malka et alors que j’étais sur un BBS, j’ai trouvé des photos de pornographie juvénile.
– Aha? Répond le policier sérieusement. Aha! … Euh… C’est quoi un BBS?

One more time encore une fois j’y vais de mon explication et je lui donne le numéro de téléphone du BBS en question.

Mais à partir du numéro, le policier se rend compte que le propriétaire du BBS habite à Copenhague et non pas à Greve. Donc il me faut téléphoner non pas à la station centrale de Copenhague comme je l’ai fait, mais à la station de police proche de son domicile.

Ce que je fais, donc.

Je donne mon nom au nouveau policier à qui je parle et je lui dis qu’en étant sur un BBS…

Au moment où il me demande ce qu’est un BBS, je commence à avoir une forte impression de déjà-vu, pour ne pas dire déjà-entendu!

Après mes explications, il prend mon nom et mon numéro de téléphone et me dit qu’il me rappellera.

Quelques heures plus tard, la police d’Amager m’appelle. Amager, car j’habite Amager. Et ils me demandent de quoi il s’agit.

Après avoir expliqué à la police d’Amager ce qu’est un BBS, nous touchons enfin le coeur du problème: j’avais téléphoné à la « police de maintenance de l’ordre » et il fallait que je parle à la police criminelle. C’est elle qui s’occupe de ça. Et pour parler à la police criminelle… il me faut téléphoner à… La station de police centrale… Par là où j’avais commencé le matin même.

Pour faire court (même s’il est un peu trop tard pour ça, maintenant!), je téléphone, parle et écris à la station de police centrale, la police de Roskilde et à la police de Glostrup.

Et moi qui croyais qu’il me suffisait de donner l’adresse pour qu’une escouade de policiers fasse intrusion chez le propriétaire du BBS, confisque l’ordinateur et l’amène au poste… Comme on fait lorsque quelqu’un copie illégalement un film… Je suis tombé de haut.

Quelques jours plus tard, je reçois un appel d’un inspecteur de la criminelle qui me dit qu’ils connaissent bien Greve BBS. Que le gars qui a ce BBS est un jeune homme bien sous tous les rapports, raisonnable et tout et tout, et qu’il ne vend pas de pornographie juvénile.

Oui, on paye pour accéder à l’espace membres, mais l’espace membres contient une foule de logiciels de différentes sortes qui n’ont rien à voir. Il n’est pas question de vente de pornographie juvénile.

Ce qu’il fait est donc parfaitement légal: il ne produit pas de pornographie juvénile, il ne la revend pas et il ne l’achète pas pour la revendre. C’est donc parfaitement légal.

La loi

À cette époque, la loi danoise est ainsi faite: il est interdit de produire, de vendre et d’acheter de la pornographie juvénile, mais il est autorisé de la posséder. Et il est, bien entendu, autorisé de l’échanger tant qu’on ne paye pas pour (car dans ce cas, il y a revente).

Si, lors d’une recherche dans un domicile, la police tombe sur des photos de pornographie juvénile, ils sont dans l’obligation de ne rien faire et de restituer ces photos dans l’état dans lequel elles étaient.

La possession de pornographie juvénile n’est ni criminelle ni illégale.

Mon ex-femme me dit donc que maintenant, j’ai fait ce que je pouvais faire. C’est la vie! C’est comme ça. Oui, bien entendu, c’est un scandale, mais on ne peut rien y faire. C’est la loi et c’est comme ça.

– Si c’est la loi, lui dis-je, la loi doit changer!

Elle regarde le plafond en faisant « non » de la tête et en soupirant.

Prenons la plume

À cette époque, je suis régulièrement interviewé et j’écris régulièrement des commentaires et articles dans différents journaux danois. Pour la plupart sur la problématique sectaire.

J’écris deux articles (qui se ressemblaient un peu, il est vrai, mais vu sous deux angles différents) et je commence parr téléphoner au rédacteur du Berlingske Tidende, journal dans lequel je suis relativement connu.

Avant d’envoyer un article, il est de bon ton de demander au rédacteur si le sujet l’intéresse. Des fois, le sujet peut l’intéresser, mais il a déjà ce qu’il lui faut, d’autres fois, ça ne l’intéresse pas en ce moment, et d’autres fois, c’est bon. La conversation se passe à peu près comme ça:

– Bonjour, c’est Cyril. Il ya pas mal de pornographie juvénile sur des BBS et j’ai écrit un article sur le sujet.
– Oui, c’est dégueulasse. Je ne veux pas écrire sur ce sujet.
– Oui, oui, je sais. Ce n’est pas ce que je veux dire. Je veux dire que j’ai écrit un article contre la pornographie juv…
– Non, je ne peux pas supporter d’en parler. Je trouve ça tellement dégueulasse et bas que je ne supporte pas ce genre de choses.
– Ben oui, mais il est important que les gens sachent ce qui se pas…
– Non, vraiment. Je ne veux pas de cette cochonnerie dans mon journal! Au revoir!
– Mais je…

Un peu surpris, j’essaye ensuite de contacter Niels Gunder, qui à l’époque est rédacteur pour Kristeligt Dagblad (Le Journal Chrétien). Je me suis dit que cela devait les intéresser.

Il est un peu intéressé, mais aussi gêné par ma proposition. D’après lui, dans tout ce que je fais, j’ai une tendance à me placer entre le débat et le journalisme. D’après lui, il vaudrait mieux qu’il m’envoie un journaliste pour faire une interview sur le sujet, et je pourrais toujours envoyer mon article après coup.

Ce serait mieux comme ça d’après lui. Pourquoi pas?

Quelques heures plus tard, Niels me recontacte. Il est lui-même assez surpris, car les journalistes avec qui il a parlé lui ont répondu que ce n’était pas une nouvelle et qu’en fait, il n’y avait pas de quoi faire un article. En bref, cela n’avait aucun intérêt. Il est surpris, mais il ne peut pas obliger les journalistes à écrire sur un sujet, quel qu’il soit.

J’envoie mon article à plusieurs journaux: Politiken, Jydske Vestkysten et autres et tous me répondent « Non merci ». Un seul journal ne répond ni oui ni non, mais veut y réfléchir: Information. Un journal pour intellos qui date des années soixante et qui n’a qu’une poignée d’abonnés dans le pays. Même s’ils impriment mon article, ça ne fera pas bouger grand-chose.

Je suis dans une impasse. La plupart trouvent le sujet intéressant, mais on parle là de censure et ce n’est pas bien vu au Danemark.

Quelques années auparavant, dans un programme télévisé sur la pornographie juvénile, le chef de police avait déploré l’existence de la loi qui limitait le droit d’acheter et de produire de la pornographie juvénile au Danemark (jusqu’en 1983 c’était tout à fait légal), car d’après lui: « il vaut mieux que des hommes se masturbent en regardant des photos de pornographie juvénile plutôt qu’ils ne passent aux actes. »

À la question « Mais les enfants utilisés dans les photos… Il y a un passage à l’acte. Et celui-ci? » la réponse fut: « Il vaut mieux sacrifier un ou deux gosses plutôt qu’une dizaine ou une centaine. »

À méditer, donc…

Mais bref. Je me heurte au « politiquement correct », même si l’expression n’existe pas encore, le concept, lui, est déjà bien réel.

Aucun journal, aucun média ne voulait toucher au sujet ou au débat, car cela touche un droit fondamental danois: la liberté sexuelle et la pornographie sans censure. Aucun média ne voulait être « le premier » à risquer de véhiculer des idées « fachos » ou « extrémiste » qui briderait la sexualité des citoyens danois.

Il me fait trouver autre chose. Je me suis mis dans la tête de changer ça et je ne veut pas en démordre.

La carte politique

Poul Nyrup Rasmussen

Maintenant, un peu de politique.

Au Danemark, il n’y a pas de président, mais un parlement et un Premier Ministre.

On a aussi une reine, mais elle n’a rien à dire. Elle n’a même pas le droit de vote.

Tous les quatre ans, on va voter pour le parlement (Folketinget) dans lequel il y a 179 places. On peut voter pour une personne ou pour une liste (un parti).

Il n’y a presque jamais eu de parti à avoir eu la majorité. La plupart du temps, les partis sont obligés de se mettre d’accord entre le bloc rouge (la gauche) ou le bloc bleu (la droite) pour faire des coalitions plus ou moins solides. Si quatre partis de droite se mettent ensemble pour faire un gouvernement, il y aura des ministres des quatre différents partis (c’est le prix à payer pour la coopération).

À cette époque, en 1993 donc, la gauche a pu reprendre la majorité pour la première fois depuis une dizaine d’années. Le gouvernement, et la majorité parlementaire est partagée entre trois partis: Socialdemokratiet (Parti Socialiste), Radikale Venstre (Radicaux de gauche – qui ont fait partie de plusieurs gouvernements de droite auparavant) et Kristeligt Folkeparti (Parti Chrétien – qui également ont fait partie d’un gouvernement centre-droite auparavant).

Le Premier Ministre de l’époque, bien que faisant partie du Parti Socialiste, Poul Nyrup Rasmussen, est jugé trop centriste, voire de droite par la plupart de la gauche.

Bref.

À cette époque, la majorité ne tient qu’à une voix! C’est dire que les tensions sont nombreuses au parlement comme dans le gouvernement. Il s’en faut d’un rien pour faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre.

Merethe Due Jensen

Je me suis souvenu d’une femme, membre du Parti Chrétien, nommée Merete Due Jensen. Et je me suis souvenu également qu’elle s’était battue pendant des années pour une régulation de la pornographie, surtout de la pornographie juvénile qui a pris des proportions inquiétantes.

D’après Merethe Due Jensen, il ne faut pas seulement interdire la pornographie juvénile, mais il faut que le Danemark fasse pression sur certains pays dans lesquels on exploite les enfants à des fins sexuelles. Par exemple, la Thaïlande.

La pornographie juvénile est un des points importants du Parti Chrétien, qui n’a à l’époque que quatre voix au parlement… Mais vu qu’il ne faut  qu’une voix pour renverser la vapeur, quatre voix sont plus que suffisantes.

Les politiciens établis ne prennent pas Merethe  au sérieux. Elle avait essayé de les choquer en leur montrant ce qui se passait vraiment et que la pornographie juvénile était bien autres chose que les photos floue et romantiques de David Hamilton. Que c’était de la pornographie dure dans laquelle les enfants étaient maltraités et, dans certains cas même, tués.

Aucun politicien n’a jamais voulu participer. Ils se contentent d’accuser Merete Due Jensen de vouloir faire un « club porno ».

De plus, cela se passant à l’étranger, ça n’a rien à voir avec le Danemark et le Danemark n’a aucune responsabilité là-dedans et ne peut rien y faire.

Mais si, en fait: Je suis en possession d’images, téléchargées depuis le Danemark, d’un BBS danois et j’ai donc en ma possession les munitions qui manquent à Merethe. Donc autant lui donner le matériel et la lancer dans la croisade. Je n’aurais pas autant d’articles et d’interviews et mon nom ne sera pas autant cité, mais j’obtiendrai un résultat et c’est mon but. Je ne le fais pas pour la gloire, mais pour changer quelque chose d’important.

Je contacte Merethe qui est vient le jour même avec un journaliste.

Je leur montre la facilité avec laquelle on peut impunément télécharger du matériel pornographique juvénile. Je lui donne tout ce que j’ai: photos, données, téléphones et mes articles afin de lui donner les arguments psychologiques nécessaires.

De plus, je contacte le journal Aktuelt, qui à l’époque est le journal financé en grande partie par le PS danois (il n’existe plus depuis 2001), je parle à leur rédacteur, Palle Aarøe qui est très intéressé, et je lui envoie mon article en lui disant qu’il faut qu’il la garde au chaud, car d’ici peu, il y aura des mouvements dans le gouvernement.

Merethe entre en action au parlement et Palle Aarøe me recontacte presque instantanément. L’article est formidable et maintenant que ça bouge point de vue politique, il veut vite le publier afin d’être le premier.

Comme les choses changent, hein?

Mon article  parait le 14 février 1994.

D’autres journalistes m’interviewent et je fais quelques premières pages. J’ai des mots durs pour les politiciens que je qualifiais d’irresponsables.

Le Journal Chrétien me contacte et veut une interview. Tout d’un coup, la nouvelle qui n’en était pas une en devient une. Je refuse de me laisser interviewer par eux et pendant plusieurs années après cette affaire je refuse toute interview avec eux.

Les vagues vont haut au parlement et le Parti Chrétien menace de voter avec le parti Konservative (Conservateurs) et Venstre (Gauche – mais c’est un parti plus à droite que les Conservateurs) pour changer la loi. Dans ce cas, cela veut dire que le gouvernement est en minorité. Et si le gouvernement est en minorité au Danemark, il doit sauter et on doit avoir de nouvelles élections.

Le ministre de la justice, Erling Olsen (Socialdemokratiet – Parti Socialiste) qui pourtant avait toujours eu comme point de vue qu’on ne pouvait pas « légiférer sur les envies sexuelles des gens » change tout d’un coup d’avis et propose un durcissement de la loi: La possession d’un grand nombre de matériel pornographique juvénile est maintenant désignée comme illégal.

C’est à peu près à ce moment-là que mon ex-femme commence à raconter fièrement à ses amies ce que j’ai fait et mon influence sur ce qui se passe au Danemark en ce moment.

Une fois la loi changée, la police me recontacte afin d’enregistrer ma plainte. Mais le nombre de photos possédées par Greve BBS n’est pas suffisant pour pouvoir faire quoi que ce soit.

La loi n’est pas aussi dure que Merethe et moi aurions voulu, mais c’est le premier pas dans la bonne direction. Et c’est le pas le plus important et le plus dur á faire. Une fois ce pas franchi, il est plus facile ensuite de réduire le nombre de matériel déclaré comme illégal.

Et c’est ce qui finit par se produire.

Seize ans plus tard, en 2009, la loi a été encore durcie et le fait de posséder du matériel pornographique juvénile, peu importe le nombre, est aujourd’hui illégal.

Une petite anecdote supplémentaire: Comme j’avais écrit dans mon article que les enfants utilisés étaient Indiens, un journaliste danois, Niels Astrup, qui travaillait pour un journal indien (Indian Express) m’a interviewé. Il a écrit un article paru le 15 mars 1994 dans Indian Express qui a donné naissance à un grand débat et à un durcissement de la loi en Inde.

Comme quoi, vous voyez, on peut changer beaucoup de choses ici et ailleurs.

Mais il est important d’y croire… Et de croire en demain! (Cyril Malka)

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