(18/08-2021) – La prise de Kaboul par les talibans dimanche dernier (le 15/08) et la fuite précipitée de l’armée américaine qui l’a accompagné est d’une importance majeure qu’on ne peut que sous-estimer.
La plupart des commentateurs sur les blogs et sur le net (ça fait bien longtemps que les journalistes ne font plus ce genre de travail non plus) le comparent à la prise de Saïgon, lorsque le gouvernement du Sud-Vietnam, allié des Américains, avait capitulé devant les troupes communistes et vu sa capitale envahie le 30 avril 1975.
C’est un fait, il y a beaucoup de points communs, mais la chute de Kaboul est un phénomène bien plus grave: La chute de Saïgon était un choix politique. Le Congrès Démocrate de l’époque, qui cherchait à tirer le plus grand bénéfice politique possible du mouvement de protestation contre la guerre du Vietnam, avait imposé aux présidents Nixon et Ford un retrait des troupes américaines, puis bloqué les livraisons d’armes destinées au Sud-Vietnam.
Le pouvoir législatif de l’époque avait donc fait le choix d’abandonner un territoire particulier aux communistes. La perte de ce territoire sur l’échiquier de la guerre froide était limitée à cette zone géographique. Les États-Unis avaient perdu un territoire, mais pouvaient se rattraper. C’était un calcul politique. Le jeu n’en valait plus la chandelle.
La disparition subite de l’influence américaine en Afghanistan dimanche dernier n’a pas été due à un calcul politique, mais à l’absence complète de préparation et de décision de l’administration Biden.
Et pourtant, tout le monde savait pertinemment, malgré les assurances de Biden, qu’à partir du moment où les troupes américaines se retireraient, les talibans allaient se saisir du pouvoir. Tout le monde le savait, mais il est vrai que peu d’entre nous s’imaginaient que cela allait se passer aussi vite.
Trump et Biden – même combat?
Oui, il est vrai que les Américains cherchaient à quitter le pays depuis plusieurs années maintenant et que c’était également ce que l’administration Trump cherchait à faire.
Mais la méthode que Trump voulait utiliser était bien différente que la débandade désorganisée de Biden.
Trump avait tenté de passer un accord avec les talibans en février 2020, acceptant le principe d’une participation de ces derniers à un gouvernement d’union nationale, à condition que ceux-ci n’attaquent aucun citoyen américain et aucun intérêt américain.
Si l’administration Biden avait suivi cette ligne, même si l’idée était de l’administration Trump, et si elle avait fait respecter cet accord, les États-Unis auraient pu réduire fortement le nombre de leurs soldats sur place, ce qui était l’objectif des deux administrations, tout en maintenant leur influence dans la région.
Au lieu de suivre ce plan, l’administration Biden vient de laisser, sans la moindre contrepartie pour les intérêts de l’Amérique, une bande d’extrémistes génocidaires, violeurs et pillards, dont le cerveau n’est pas encore sorti du septième siècle, prendre le contrôle d’un pays de 37 millions d’habitants! Bravo!
Cela n’a pas été le cas. L’armée américaine a tout laissé sur place.
Les talibans sont maintenant en possession d’une quantité astronomique d’armes et de munitions, de véhicules militaires de tous les types, des F-15, d’au moins un simulateur de vol, ainsi que de milliers d’ordinateurs contenant des informations stratégiques.
C’est un fait, les talibans ne sont pas en possession des connaissances nécessaires pour utiliser ce matériel, mais tout ce matériel et ces informations confidentielles peuvent être vendus à des armées plus perfectionnées telle que l’armée iranienne.
La débandade désorganisée dont nous avons été témoins ici n’a absolument rien à voir avec le plan initialement que Trump avait commencé à négocier et les commentateurs qui essaient de comparer les deux ou de justifier cette fuite en disant que c’était « également ce que Trump voulait » font preuve d’une extrême mauvaise foi ou d’un manque inquiétant de connaissances sur le sujet.
L’influence américaine en Afghanistan a été anéantie en quelques heures et les ennemis mortels de l’Occident disposent désormais d’informations stratégiques et d’un équipement dont la valeur marchande se compte en milliards.
Si ce n’était que ça! Même si je vous accorde que c’est déjà pas mal.
Le pire est à venir et il y a maintenant trois conséquences quasi inévitables que l’on peut voir se profiler à l’horizon.
Le terrorisme
La première est que nous voyons ici une des formes les plus primitives de l’Islam conquérant, le mouvement Taliban, s’emparer d’un pays.
Les talibans asservissent les femmes, en vendent certaines comme esclaves sexuelles, tuent ceux qu’ils considèrent comme infidèles, massacrent les civils et détruisent tout ce qui peut ressembler à la civilisation.
Ce que l’État Islamique avait tenté de faire (et presque réussi sous Obama), les talibans l’ont fait et ils disposent désormais, pour plusieurs décennies ou pour plusieurs siècles, d’un état reconnu par les institutions internationales, membre de l’ONU, au territoire bien délimité.
Les organisations les plus extrêmes de l’islam conquérant – Al-Qaeda, État Islamique et autres – avaient été affaiblies ces dernières années. Aujourd’hui, elles se voient renforcées et pourront utiliser cette base pour lancer des attaques à travers le monde.
Non seulement cette version extrême de l’Islam a maintenant une base solide et stratégique, mais elle gagne également une importance psychologique importante.
Que voit le monde musulman? Que voient les minorités musulmanes d’occident? En France comme ailleurs?
De plus en plus de jeunes, de plus en plus de gens vont considérer que les musulmans modérés sont les perdants. Que les extrémistes sont les gagnants. Qu’il vaut mieux risquer sa vie pour s’engager à leurs côtés et laisser libre cours à l’extrémisme.
Suite à « l’inspiration » de la prise de Kaboul et du contrôle de l’Afghanistan, avec les mouvements extrémistes maintenant galvanisés, on peut être sûr que le terrorisme international va considérablement augmenter.
La Chine
Le deuxième point important, et dont on parle pourtant moins est l’accord passé entre les talibans et la Chine: à peine Kaboul était-il tombé, que la Chine annonçait qu’elle allait reconnaître le gouvernement Taliban.
Non seulement, ces derniers mois, les contacts entre la Chine et les combattants talibans devenaient plus en plus visibles, mais la Chine a fourni une partie importante des armes qui ont servi à la prise de Kaboul.
La Chine qui ne tolère pas l’Islam à l’intérieur de ses frontières n’hésite pas à soutenir les versions les plus extrêmes de l’Islam comme levier dans ses relations avec l’Occident.
Le terrorisme est une arme très efficace à utiliser contre les pays qui contrent trop les intérêts de Pékin.
Les priorités de l’armée U.S.
Troisième et dernier point extrêmement important, ce que la prise de Kaboul vient de nous démontrer est que l’équipe qui dirige les États-Unis ne s’intéresse pas, ou plus, aux intérêts stratégiques du pays.
Il est important de noter que le Biden n’a pas été vu pendant toute la crise et il n’a fait aucune déclaration (au moment de l’écriture de cet article).
Et ça ne choque personne?
Il est fort probable qu’il n’est pas dans une période où il a une période de lucidité: Lors du syndrome d’Alzheimer, le patient à des périodes de lucidité, et ces périodes se font de plus en plus rares pour finalement disparaître. Il faudra donc attendre sa prochaine période lucide pour qu’il puisse paraître.
Il y a la possibilité que, dans les prochains jours, le parti Démocrate fasse peser sur lui l’entière responsabilité du désastre pour le démonter en public ou pour mettre Kamala Harris au pouvoir.
Mais même sans nous occuper de « Al Zheimer », on n’est pas plus avancé pour autant et s’en est inquiétant.
Mais voilà: L’ordre n’a jamais été donné.
Et ce n’est pas que Biden qui est coupable dans ce cas. Car si aucun ordre n’a été donné, ça veut dire que personne, absolument personne, au sommet de la chaîne de commandement, ne s’est soucié des intérêts stratégiques de la nation.
Après la prise de pouvoir de Biden, le parti Démocrate a mis en place une structure de pouvoir qui n’est pas intéressée par la défense des États-Unis.
En quelques mois, depuis la mi-janvier de cette année, l’une des armées les plus puissantes au monde a est devenue un cirque ridicule qui a commencé par lutter contre un « danger interne » de « suprémacisme blanc » inexistant puis elle a lutté pour la défense des « soldats transgenres ».
Rien d’étonnant que ça finisse comme ça a fini dimanche dernier: Vaincue, en fuite et déshonorée.
Si beaucoup d’entre nous n’ont pas vu cela, beaucoup d’autres, eux, l’ont remarqué.
Quand il est aussi facile pour une bande de barbus de prendre le contrôle d’un pays sans que la première armée du monde, trop occupée par les débats LGBTABCGDJFGSY-etc., ne batte un cil, qu’est-ce qui pourrait empêcher la Chine d’envahir Taïwan? Surtout qu’il y a déjà eu des mouvements de troupes inquiétant dans ces eaux.
Peut-on s’imaginer un changement de cap après cette humiliation?
C’est peu probable. Je ne vois rien se profiler de cette administration. Il n’y a plus beaucoup de Démocrates patriotes et militaristes, et les quelques-uns qui restent ont été écartés de toute influence. Ils ont été remplacés par des idéologues de la race et du genre.
Les votes du mi-mandat pourront peut-être faire revenir un sénat et des députés républicains, mais tout comme Obama l’avait fait, on peut parfaitement continuer à régner comme despote en ne faisant que des « executive orders ». Donc ce n’est pas gagné non plus.
Donc voilà, les événements de dimanche dernier sont en fait le premier signe de l’entrée dans une nouvelle ère : celle d’une Chine dominante, alliée à l’Islam conquérant qui va facilement pouvoir terroriser, affaiblir et diviser un Occident en fin de course.
Pendant ce temps, les États-Unis se replient progressivement, dans l’indifférence d’une élite gouvernante occupée à faire un tri par couleur de peau, à débattre les théories du genre et occupée à s’enrichir sans se soucier du peuple ou de ses alliés. (Cyril Malka)